dimanche 18 juillet 2010

Nouvel épisode du Sarkoshow

Le 12 juillet dernier, Nicolas Sarkozy s'est exprimé sur France 2 à l'occasion d'un entretien avec David Pujadas. Une fois de plus Sarko a fait son show mais sans convaincre puisque 57% des Français n'ont pas été convaincus selon un sondage CSA.
Dans cet article, je ne vais pas m'attacher à commenter les sujets abordés par le président (retraites, affaire Woerth-Bettencourt ...). Je vais plutôt m'intéresser à la prestation télévisuelle en elle-même.
 
Commençons tout d'abord par le décor. Il s'agit là d'une nouveauté puisque l'interview s'est déroulée dans les jardins de l'Elysée, sur la terrasse. Ce choix n'est pas banal. En effet, le lieu est plutôt neutre, simple et sans fioritures. Cela tranche donc avec le côté solennel du bureau et le côté clinquant des grandes salles du palais. On retrouve donc une volonté de proximité avec les Français et la recherche d'un endroit détendu.
 
Outre le cadre différent, on remarque des changements au niveau du président lui-même. Le plus flagrant est la présence de cheveux grisonnants. Mais ne soyons pas dupes, ce n'est pas son coiffeur qui a loupé sa couleur. Il s'agit simplement d'une stratégie basée sur le physique, comme cela avait été le cas pour Jean Sarkozy lors de son intervention sur FR2 au sujet de l'EPAD. Par cette couleur de cheveux, Sarkozy cherche à renier son côté précieux. De plus, il apparaît que les cheveux gris représentent la vieillesse et donc dans une certaine mesure la sagesse qui est sensée l'accompagner.
Parallèlement à l'aspect purement esthétique, on remarque que la voix de Nicolas Sarkozy était très posée, avec des phrases lentes et des réponses intervenant après un "léger blanc". Une fois encore, ce n'est qu'une tactique pour se donner une stature d'homme d'Etat. Il a ainsi tenu compte des critiques qui lui ont été faites, notamment concernant son débit de paroles, son niveau de langage et sa grande nervosité. Malgré tout, le naturel a réussi à reprendre le dessus au cours de la dernière partie de l'entretien. On retrouve ainsi, par exemple, une forte répétition de "moi" et "je", ce qui peut faire penser à une certaine mégalomanie de sa part.
 
Intéressons-nous maintenant à quelques passages précis de cette interview.
Tout d'abord, lorsque Nicolas Sarkozy parle de l'affaire Woerth-Bettencourt, on remarque qu'il s'intéresse davantage aux individus (Woerth est honnête ...) qu'au problème en tant que tel. De plus, il utilise l'attaque pour se défendre puisqu'il met accuse la presse et certaines personnes de calomnies. Évidemment, il se donne le beau rôle en se présentant comme une victime qui fait dignement face aux difficultés.
Toujours dans la même séquence, on distingue la méthode Sarkozy, c'est à dire que suite à un évènement particulier (ici, le conflit d'intérêts autour d'Eric Woerth) le président souhaite faire une loi. Ce n'est pas la première que ce procédé est utilisé puisque Sarkozy en est coutumier. Il suffit pour s'en convaincre de regarder les lois sur la burqa, sur la récidive ... Pour moi, cela traduit un manque d'anticipation, une sorte de navigation à vue mais surtout on peut voir que ce gouvernement surfe sur l'émotion. En effet, il attend que l'opinion publique soit choquée pour réagir et passer ainsi pour le "gentil" alors qu'il serait plus intéressant d'agir en amont afin d'éviter les problèmes.
Ensuite, lorsque le président a abordé le thème des retraites, celui-ci a comparé la situation en France à celle dans les autres pays européens. A titre personnel, je suis favorable à l'analyse comparative (ou benchmarking) mais encore faut-il qu'elle soit utilisée à bon escient. De fait, il peut-être séduisant de faire comme les autres mais il ne faut pas de nivellement par le bas. Au contraire, il faut que l'on cherche à s'aligner sur les pays qui font mieux que nous et pas l'inverse. D'ailleurs, Nicolas Sarkozy a plusieurs fois mis en avant le modèle allemand (leur inventant au passage un bouclier fiscal qui n'existe pas dans les faits) mais pour rappel, il n'existe pas de salaire minimum en Allemagne ce qui contraint certains salariés à travailler pour moins de 5 € de l'heure !
Enfin, le dernier point sur lequel je souhaitais revenir concerne la vie privée des politiques, sujet que j'ai récemment abordé dans un article. Effectivement, le président a, à plusieurs reprises, fait état de sa privée en mettant en avant sa famille. Outre le fait que ce soit complètement hors-sujet, il ne faut pas oublier que l'on se fout totalement de ce que fait Carla.
 
Au final, ce nouvel épisode du Sarkoshow est, comme les précédents, une belle séance d'enfumage qui n'a servi qu'à peu de choses puisque l'on savait déjà tout, ou presque. Personnellement, je crois que cet entretien aurait tout à fait pu être donné par le premier ministre tant il a trait à des réformes précises. N'oublions pas que c'est, en théorie, au premier ministre de conduire la politique de la nation et de diriger l'action du gouvernement.
Pour moi, cette interview a été inutile et contribue un peu plus à affaiblir la parole du président de la République.

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